Les métamorphoses du principe de précaution

Né avec la société du risque, le principe de précaution est d’abord un concept philosophique lié à la question de la responsabilité. Médiatique plus que juridique, il est souvent invoqué, mais reste rarement appliqué.

Le rôle des institutions et des responsables politiques n’est-il pas d’anticiper l’évolution de phénomènes potentiellement catastrophiques en essayant d’en éradiquer les causes ou, tout au moins, d’en réduire les effets néfastes ? Ce comportement politique serait l’application active du « principe de précaution » introduit dans le droit international depuis le Sommet de la Terre de Rio (1992) : lorsqu’apparaissent un ou des phénomènes aux effets potentiellement graves ou irréversibles et dans un contexte d’incertitude scientifique sur ces phénomènes, il faut agir pour réduire les risques sans attendre d’avoir levé cette incertitude. Le principe de précaution résulte de trois influences intellectuelles, celle de Hans Jonas, avec le principe moral de responsabilité envers les générations futures, celle de Jurgen Habermas, qui introduit à la philosophie du débat public et permanent, et celle, enfin, de l’épistémologie qui, depuis Werner Heisenberg, a rendu aux sciences leur part d’incertitude au détriment de l’idée de vérité scientifique et objective.

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