Le Grand Paris sous le feu des critiques

futuriblesLe projet dit du Grand Paris suscite de toutes parts la polémique, et les violons semblent loin d’être accordés. La revue “Futuribles” en donne, dans son numéro de novembre, une lecture critique sous la plume de Jean-Paul Lacaze, haut fonctionnaire spécialiste des questions d’urbanisme, à laquelle se fait écho Jean Haëntjens, directeur de l’Agence pour le développement durable de l’agglomération de Saint-Nazaire.

“Imprécis”, “irréaliste”, tel apparaît le projet du Grand Paris à J.-P. Lacaze dès sa présentation. Il opterait bien, parmi les dix projets présentés à la Cité de l’architecture, pour celui développant un axe de la Seine au Havre s’il n’y avait reconnu un projet datant de… 1965. Pour lui, le port du Havre, qui “n’a pas su se reconvertir après les décolonisations”, a été supplanté par le dynamisme d’Anvers à l’international. L’axe séquanien n’a pas su davantage tirer partie de sa situation géographique attractive. “Analyses sommaires et parfois fausses” des difficultés d’amé­nagement, omission du déséqui­libre régional entre “l’Est populaire” et l’Ouest des emplois et des cadres et de la propension des entreprises franciliennes à partir vers la périphérie. Or le “projet central de ce Grand Paris” consiste justement à poursuivre le développement de l’ouest en reliant des pôles d’activité par un métro automatique circulaire alors que deux lignes distinctes s’imposeraient pour en rendre l’exploitation viable. Ces transports destinés à parcourir des territoires encastrés dans de vastes espaces inconstructibles (aéroports, parcs régionaux, agriculture) seraient sous-utilisés alors que la demande entre communes de banlieue, notamment Est-Ouest, saturée, augmente.

Enfin, la raison voudrait, selon l’auteur, qu’on renonce à (‘”illusoire densification… malthusienne” proposée dans ce plan et que priorité soit donnée à la construction expérimentale d’éco-quartiers dans les dix prochaines années.

Jean Haëntjens, “plus positif sur la consultation du Grand Paris”, de conclure néanmoins : “Quand l’administration d’État privilégie encore la notion de “pôle de compétitivité”, les architectes parlent de “ville à vivre” ou de “cité diffuse”. Ils ont sans doute sur ce terrain une longueur d’avance… Avant de prétendre inventer une mégapole de l’après-Kyoto, il faudra peut-être, plus modestement, être capable d’imaginer des “villes” de l’après-Haussmann.”

Sylvia Kesbi

“Futuribles, Analyse et prospective” n° 357, novembre 2009, 112 p.

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